Niger: « … nous prenons l'engagement qu'aucun membre du CSRD ou du gouvernement de transition ne sera candidat aux prochaines élections présidentielles »

Publié le par www.guineelibre

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Message à la Nation prononcé le 28 février 2010, par le Chef de l’Etat nigérien, le Chef d’Escadron Salou Djibo

Nigériennes,
Nigériens,
Mes Chers Compatriotes,
Le dix-huit février 2010, l'Armée nigérienne est intervenue de nouveau sur la scène politique pour la troisième fois depuis le début du processus démocratique initié en 1990. Ce soir, je voudrais m'adresser à vous, mes chers compatriotes, pour vous exposer les raisons qui nous ont poussés, à notre corps défendant, à utiliser cet ultime recours.
 Vous avez tous été témoins ces derniers mois de la tension politique et sociale croissante dans laquelle notre pays a été plongé en raison des manipulations constitutionnelles qui ont conduit au démantèlement des institutions démocratiques de la cinquième République.

Je voudrais rappeler en particulier :

-le refus des anciennes autorités de se soumettre aux arrêts de la Cour constitutionnelle, refus qui constitue en droit nigérien un crime de haute trahison ;
-la dissolution sans précédant dans l'histoire de la Cour constitutionnelle dont les membres sont pourtant inamovibles ; -le démantèlement des autres institutions de la République ;
-le refus de tous les compromis politiques que nos voisins et partenaires, soucieux de la stabilité de notre pays, ont proposés ;
-les tentatives d'utilisation politique de l'appareil judiciaire et les violations des droits humains notamment par l'emprisonnement et le harcèlement; l'in formalisation de l'État et les menaces sur la paix sociale ; la détérioration de nos relations avec nos partenaires.

Notre seule ambition est d'accompagner le retour à la démocratie dans notre chère patrie

Que les choses soient claires : la vocation de l'armée n'est pas de jouer sur la scène politique.

Cependant, étant donné que tous les contre-pouvoirs institutionnels ont été dissous ; étant donné que les médiations de nos amis ont été tournées en dérision, l'alternative qui s'offrait à nous était la suivante : laisser le pays aller à la dérive ou intervenir. Nous avons été contraints d'intervenir et c'est l'occasion ici de saluer la mémoire de nos frères d'armes et compatriotes qui ont perdu la vie pour leur pays et présenter nos condoléances attristées aux familles éplorées. Certains ont salué cette intervention. D'autres l'ont déplorée. Tous, au plan national comme international, s'interrogent cependant et légitimement sur l'avenir. Je voudrais ce soir, mes chers compatriotes, vous rassurer que votre Armée, Républicaine par essence, nationale dans sa composition, soucieuse d'un devenir harmonieux pour la Nation et respectueuse de la souveraineté du peuple, n'entend nullement confisquer le pouvoir comme elle l'a déjà démontré par le passé. La transition que nous entamons se concentrera sur les priorités suivantes : Premièrement, la restauration de la Démocratie et de l'Etat de droit. A cet
égard, le Conseil Suprême de Restauration de la Démocratie s'engage d'une part, à veiller au respect scrupuleux des droits humains consacrés et garantis par la loi et par les instruments juridiques internationaux signés et ratifiés par le Niger. Le CSRD s'engage d'autre part à restaurer l'ordre constitutionnel dans un délai raisonnable qui sera proposé par le conseil consultatif. Deuxièmement, l'assainissement de la situation politique et économique, en particulier la lutte contre l'impunité, la corruption et les trafics d'influence qui ont miné la crédibilité de notre pays et des ses gouvernants ces derniers temps. Cet assainissement sera mené sur la base des principes simples de vérité, de justice et d'équité. Troisièmement, la mise en œuvre urgente de tous moyens pour faire face à la famine qui menace l'existence de millions de Nigériens dans pratiquement toutes les régions du pays. Quatrièmement enfin, le développement minier et pétrolier du pays dans la rigueur et transparence, dans l'intérêt de notre nation et dans le respect des conventions internationales auxquelles le Niger a adhéré.

Mes chers compatriotes,

Nous vous savons impatients de renouer avec l'ordre constitutionnel. Nous sommes conscients que les manifestations de soutien à notre action expriment votre espoir que notre pays ne vive plus jamais une dérive autocratique ou une nouvelle intervention de l'armée. Cette impatience est exprimée aussi par la communauté internationale, en particulier nos voisins, la CEDEAO, l'Union africaine, l'Union européenne, et les pays amis à travers le monde que nous remercions pour leur engagement à nos côtés. Le CSRD et l'Armée partagent cette impatience et sont conscients que les idéaux d'égalité, de justice, de liberté et de progrès social qu'ils partagent ne peuvent se réaliser que dans un cadre démocratique et transparent régi par des institutions fortes et légitimes.
Aujourd'hui, nous faisons le serment, devant Dieu, devant vous et devant l'Histoire, de vous rester loyal.
En ces moments particulièrement importants de notre histoire, je lance un appel pressent à nos compatriotes d'ici, mais aussi de la diaspora pour que chacun contribue à faire du Niger un pays démocratique et prospère. Je demande également à la communauté internationale de soutenir le processus de restauration de la démocratie dans notre pays.
Nigériennes, Nigériens, mes Chers Compatriotes,
Par le passé, l'Armée nigérienne a témoigné de sa sincérité et de sa loyauté au peuple en lui épargnant des périls et en remettant le pouvoir à la classe politique dont c'est la vocation. Aujourd'hui, nous faisons le serment, devant Dieu, devant vous et devant l'Histoire, de vous rester loyal. Au demeurant, les actes posés par le CSRD vont dans ce sens, en particulier la nomination d'un Premier ministre dont la compétence, l'impartialité et l'intégrité sont reconnus par tous. C'est un gage de notre volonté de compter sur les meilleures ressources intellectuelles et humaines de notre pays pour mener à bien la transition. Par ailleurs, pour assurer une conduite sereine et impartiale de cette transition, nous prenons l'engagement qu'aucun membre du CSRD ou du gouvernement de transition ne sera candidat aux prochaines élections présidentielles.

Mes chers compatriotes,

Notre seule ambition est d'accompagner le retour à la démocratie dans notre chère patrie. Nous entendons susciter une réflexion collective qui doit déboucher sur des innovations au plan politique et institutionnel afin que plus jamais, notre pays ne vive de nouveau des crises politiques et institutionnelles si préjudiciables à notre avenir. L'ère des régimes autocratiques est bel et bien révolue dans ce pays qui n'a d'autre vocation que d'être démocratique.

VIVE LA REPUBLIQUE, VIVE LE NIGER ! JE VOUS REMERCIE !
Colonel Salou DJIBO, chef de l'Etat.

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