La République supplique de Guinée (par le Dr Hassatou BALDE)

Publié le par Dr Hassatou BALDE

L’habitude est une seconde nature. Ce proverbe trouve sa véracité chaque jour qui passe en République mamaya de Guinée. Les suppliques, les demandes de pardon, les manifestations de soutien, telles sont des habitudes dont les institutions « républicaines » et coutumières auront du mal à se défaire. Les prosélytes de Konaté Le co-auteur du coup d’état du 23 décembre 2008 et auto désigné chef de l’Etat à peine une année plus tard, retient ses « larmes » à la RTG. Dans une complainte dramatique, il « menace de démissionner » parce que les militants d’un parti politique auraient porté atteinte à son honneur. Il n’en fallait pas plus pour remettre en branle les machines très huilées des mouvements de soutien et de demandes de pardon. On remarquera, comme c’est habituel en Guinée, que ce ne sont pas les « responsables de l’offense » qui demandent pardon, mais les institutions républicaines et coutumières. Les nouveaux convertis au Konaté, moins d’une année après avoir décerné le qualificatif de père de la Nation au « Moïse » Dadis Camara, se sont empressés d’aller supplier le Président Ministre de la Défense qui vient de se décréter général des armées. Des dévots, le Conseil National de Transition était le plus fier de son « œuvre de médiation ». Mais médiation entre qui ? Konaté et Sidya ? ou Konaté et le peuple ? Puis après tout peu importe, cela a été une réussite, comparé à la conférence de réconciliation nationale avortée qu’il avait prévu d’organiser sans réelle préparation. Au pays où les présidents, aussi bien dictateurs que putschistes deviennent automatiquement des divinités tout en étant comparés à des prophètes, les responsables des institutions font preuve d’ingéniosité pour montrer leur servilité au nouveau chef par leurs actes et leurs paroles. Sans revenir sur le cirque des institutions républicaines le jour de la pseudo menace de démission, les mots d’un des vices présidents du CNT méritent attention. Elhadj Mamadou Saliou Sylla explique sur Guineenews : qu'« en tant que deuxième vice-président du CNT, j’ai pris la parole pour demander au général Konaté d’accepter les excuses (de Sidya). J’ai cité en conséquence ce qui est arrivé au prophète de l’Islam qui a été lapidé, insulté et chassé de la Mecque et de Thaïf. De la même façon, j’ai expliqué pour les chrétiens ce qui est arrivé au prophète Jésus. Celui-ci a eu toutes les peines du monde, il a été insulté, frappé et crucifié. Mais, ces grands prophètes ont finalement dit : ‘’ Dieu ! Pardonnez-leur.’’ Nous avons demandé donc au président de pardonner. En définitive, à notre entendement, le chef de l’Etat a ainsi accepté de pardonner ». Consternant !Le peuple doit vraiment prier pour que les responsables politiques et des institutions cessent de blasphémer et mettent en adéquation leurs actes et paroles avec leur foi. Leur paraître ne doit pas être en décalage avec leur « moi intérieur ». De grâce, qu’on cesse l’abrutissement de la population aux fins de servilité comme c’est le cas depuis l’indépendance. Un autre suppôt de Konaté est le premier Ministre de la Transition, Jean Marie Doré qui a trouvé une autre occupation comme l’autre fer de lance des mouvements de soutien à Sékouba. Tous ceux qui viennent des régions, coordinations ou gouverneurs passent par lui pour transmettre leurs messages de soutien au général Tigre qui n’est frappé par aucune affliction, mais fait juste les caprices d’une jeune mariée. Tout à son nouveau rôle de coordinateur des mouvements régionaux de soutien à Konaté, le Premier Ministre laisse échapper des propos qui montrent sa méconnaissance de la loi. Jean Marie Doré ignorerait-il la loi ? Profitant de la présence de la presse dans son indéfectible soutien au général des armées, Jean Marie Doré ne manque pas de lancer des piques à la Commission électorale nationale « indépendante ». Il affirme « Je vous avoue qu’au moment où l’on proclamait les résultats de l’élection, certaines urnes continuaient encore à parvenir à la CENI. Pourtant elle avait suffisamment reçu d’argent plus qu'elle n’en avait demandé. De 30 milliards réclamés pour un premier temps, il a été finalement mis à sa disposition 45 milliards de nos francs. Ce qui pouvait lui permettre d’acheter des véhicules pour pouvoir mener à bien les déplacements et de faciliter la centralisation rapide des résultats… ». Parallèlement à sa complainte pour ce qui arrive à Parouski, Jean Marie Doré présente aussi ses propres doléances. Il regrette ainsi le manque d’implication du ministère de l’Administration du Territoire dans l’organisation des élections, ce qui selon lui aurait limité les cafouillages. Par ses propos, Jean Marie Doré montre sa méconnaissance de la loi électorale. Le Ministère de l’Administration du territoire a toujours été associé à la gestion électorale. Dans les textes et dans les faits. Dans la loi instituant la CENI, l’article 2 prévoit la collaboration entre la CENI et le MATAP pour les élections et le référendum et ce à tous les niveaux : la conception, la prise de décision, l’exécution, l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats provisoires. Que Jean Marie arrête de jouer au mélodrame. Le nouveau code électoral réaffirme cette collaboration. Il dispose que « La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) est l’Institution chargée de l’organisation de toutes les élections politiques et du référendum en République de Guinée. Elle est techniquement aidée par les départements ministériels concernés par le processus électoral notamment le ministère en charge de L’administration du territoire ». Faut-il aussi rappeler à JMD que le 1er avril 2009 Frédéric Kolié et Ben Sékou Sylla avaient signé un protocole d’accord sur les modalités de collaboration entre le MATAP et de la CENI. Entre autres ces deux principaux acteurs du processus électoral avaient prévu des rencontres régulières pour renforcer leur collaboration. Alors Jean Marie, il faut potasser pour connaître la loi et voir ce qu’il faut corriger au lieu de nous divertir avec le tribunal suranné cathodique de la RTG qui diffuse des aveux dont on ne sait dans quelles circonstances ils ont été obtenus. Il en est de même pour la CENI qui doit urgemment rectifier ses erreurs. CENI, de grâce cessez de vous ridiculiser ! C’est un secret de Polichinelle ! Tout le monde sait aujourd’hui que la CENI n’a jamais assimilé ce qu’elle représentait. Dans un pays où la dévotion au chef est une « coutume » ancrée dans les mentalités, la CENI n’a jamais compris la notion « indépendante » de son sigle, ni le fait que ses membres doivent être indépendants et agir en leur âme et conscience et non pour plaire au chef. Si la CENI avait compris qu’elle était indépendante, l’ordonnance de Dadis de janvier 2009 plaçant la CENI sous son autorité n’aurait jamais existé et Ben Sékou n’aurait jamais déclaré le 29 janvier 2009 que « je n’ai pas peur que la CENI soit placée sous l’autorité du CNDD ». Hélas, aléa jacta est. La CENI qui existe depuis novembre 2007 vient de brillamment montrer aux électeurs guinéens son incompétence et sa désorganisation. La seule chose qu’on puisse désormais attendre d’elle est qu’elle reconnaisse ses limites et fasse en sorte que les dysfonctionnements constatés au premier tour ne se reproduisent plus. Mais peut on attendre la perfectibilité de cette CENI ? Le doute est permis au regard des dernières sorties de Pathé Dieng. Ce dernier passé maître dans l’art de la diversion affirme sans sourciller « Il n’y a pas eu de date officielle pour le second tour car, au moment où on proposait cette date, le nouveau Code électoral et la nouvelle Constitution n’étaient pas encore promulgués. Selon l’article 28, alinéa 2 de la nouvelle Constitution, le second tour de l’élection doit se tenir quatorze (14) jours après la proclamation des résultats définitifs par la Cour suprême. Donc, à ma connaissance, aucune date officielle n’a été fixée » Ahurissant ! Les Guinéens sont télépathiques. Leur inconscient collectif les a fait tous penser que le second tour aura lieu le 18 juillet. Trop fort ! Au lieu de voir comment éviter les fraudes, les bureaux doubles et autres doubles ou triples électeurs, empêcher que les urnes ne passent leur nuit chez les chefs de quartiers, Pathé Dieng se perd dans des explications qui ne convainquent personne. Lorsqu’il dit « quand on proposait cette date, le nouveau code électoral et la nouvelle constitution n’étaient pas encore promulgués », il parle de quelle date ? du 27 juin ou du 18 juillet ? S’il parle du 27 juin, cela est vrai mais cette date n’a jamais posé de problème à qui que ce soit. Alors quel est l’intérêt de nous en parler ? Mais s’il parle du 18 juillet, dans ce cas il se fourvoie. Cette date a bel et bien été fixée après la promulgation des deux textes, puisque la date du 18 a été fixée dans le courant du mois de juin. Que la CENI reconnaisse qu’elle n’a pas tenu compte de tous les facteurs avant de proposer le 18 juillet au général Konaté, ce ne sera qu’une erreur de plus après la sortie insultante de Ben Sékou Sylla sur les Guinéens de l’Extérieur. Mais qu’elle cesse de se ridiculiser et se mette sérieusement au travail pour rectifier le tir. Après la rédaction de cet article, guineenews a publié l’information faisant état d’une décision conjointe signée par le ministre de l’Administration du territoire et des affaires politiques (MATAP) Nawa Damé et le président de la CENI Ben Sékou Sylla prévoyant que « Une commission composée de vingt deux (22) membres du MATAP et de douze (12) membres de la CENI doit se rendre incessamment dans les 33 préfectures pour le recrutement des membres qui sachent lire et écrire ». Doit-on comprendre que des membres de la CENI ne savaient ni lire, ni écrire ? On a également l’impression d’une inversion des rôles, ce n’est plus la CENI qui pilote mais le MATAP et la CENI est passé de principal responsable à celui qui assiste le MATAP. Jusqu’où va aller l’improvisation ? « Cette mission doit s’occuper du découpage. Elle doit reprendre la formation des membres de bureau de vote. Bref, il s’agit de corriger toutes erreurs et les fautes qui ont été enregistrées lors du premier tour… ». Certes cette intention est louable et nécessaire mais au vu de la situation, du passé douteux du gouvernement dans le processus électoral et l’amateurisme et désinvolture de la CENI dans le recensement et le scrutin du premier tour, il faut plus miser pour un grand renfort d’observateurs internationaux de l’Union européenne voire de l’Organisation des Etats américains (OEA). Armée, dans les casernes ! Quant à notre armée, après ses pluies de médailles et de grades qu’elle vient de se décerner qu’elle nous rende publique le rapport que lui a remis le général Lamine Cissé chargé par l’ONU de la restructuration de l’armée guinéenne. Qu’elle arrête de terroriser la population et les leaders politiques par des menaces et intimidations. Ce n’est pas à elle non plus d’arrêter les citoyens. Elle doit apprendre quel est son véritable rôle dans un Etat de droit, savoir où se limitent ses sphères de compétences et cesser d’empiéter sur les attributions de la police et de la gendarmerie. Hassatou Baldé Quelques dispositions utiles du Code électoral pour, espérons le, limiter les erreurs au second tour Art 77 […]Tout électeur atteint d’infirmité, le plaçant dans l’impossibilité d’accomplir ses formalités de vote, est autorisé à se faire assister d’un électeur de son choix. Art 80 […] Immédiatement après la clôture du scrutin, il est procédé au dépouillement de la manière suivante : L’urne est ouverte, les enveloppes sont comptées et placées par centaine dans une grande enveloppe dite « enveloppe de 100 ». Si le nombre d’enveloppes ne correspond pas à celui des émargements, il en est fait mention au procès verbal. Le dépouillement dans chaque Bureau de vote se fera devant les représentants des candidats ou listes de candidats à raison d’un délégué par candidat ou liste de candidats. Article 83 : Les suffrages obtenus par candidat ou listes de candidats sont totalisés et enregistrés par le Secrétaire du Bureau de vote. Dans chaque Bureau de vote, les résultats du dépouillement font l’objet d’un procès-verbal rédigé à l’encre indélébile. Il comporte, s’il y a lieu, des observations ou réserves des candidats ou de leurs représentants. Le procès-verbal de dépouillement est établi en plusieurs exemplaires, signés par les membres du Bureau de vote. Immédiatement après le dépouillement, et dès l’établissement du procès-verbal, le résultat du scrutin est rendu public par le Président du Bureau de vote et affiché par ses soins dans la salle de vote. Ce résultat n’a qu’une valeur provisoire. Art 84 Chaque Bureau de vote transmet, sans délais, une copie du procès-verbal au Démembrement de la CENI accompagné des pièces qui doivent y être annexées, le tout pour être remis à la Commission Administrative de Centralisation des votes. Il est annexé à cet exemplaire du procès-verbal : • Les bulletins annulés par le Bureau de vote ; • Une feuille du dépouillement des votes dûment arrêté ; • Les réclamations rédigées par les candidats ou leurs représentants ; • Eventuellement les observations du Bureau de vote concernant le déroulement du scrutin. Art 85 : Le second exemplaire du procès-verbal du Bureau de vote est adressé sous pli scellé par les voies les plus rapides au président de la CENI. Le troisième exemplaire est adressé sous pli scellé par les voies les plus rapides au Ministre chargé de l’Administration du Territoire, pour information. Les quatrième et cinquième exemplaires sont transmis respectivement aux démembrements concernés (CESPI, CEPI et CECI.). Enfin, il doit être remis à chaque représentant de candidat ou liste de candidats une copie du procès-verbal des résultats provisoires. Art 89 Tout candidat ou son représentant dûment habilité, dans les limites de sa circonscription électorale, a le droit de contrôler toutes les opérations de vote , de dépouillement des bulletins et des décomptes des voix dans tous les locaux où s’effectuent ces opérations . Il peut inscrire au procès-verbal toutes observations ou contestations sur le déroulement desdites opérations.

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